Qui est "L'Ange de Feu" ?
Martine D.Mergeay
Mis en ligne le 25/01/2007
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La Monnaie révèle un opéra méconnu du jeune Prokofiev.
Mise en scène précise et sensible de Richard Jones, direction somptueuse de Kazushi Ono.

De la plume d'un compositeur comptant parmi les plus fameux et les plus aimés du XXe siècle, voici un opéra pratiquement inconnu... Serge Prokofiev entreprit d'écrire "L'Ange de feu" en 1919; il avait été enthousiasmé par le roman (éponyme) de Valeri Brioussov et souhaitait, avec ce nouvel opéra, se démarquer du ton divertissant et comique de "L'Amour des trois oranges". Cela ne rendit pas la composition aisée pour autant : "L'Ange" résista huit ans à son auteur et connut plusieurs versions avant d'être achevé, Prokofiev n'en vit jamais aucune représentation, la première exécution complète eut lieu en version concert et en traduction française en 1954, à Paris (un an après la mort du compositeur), et la première représentation scénique, l'année suivante, à la Fenice.

Un demi-siècle plus tard, le rythme des productions ne s'est pas sensiblement accéléré et pourtant, si l'on passe outre quelques faiblesses théâtrales, quelle oeuvre superbe ! Impossible de ne pas être happé par le destin de Renata, la jeune fille hantée par sa relation passionnée avec le comte Heinrich, alias Madiel, cet ange de feu qui était peut-être bien Lucifer, et par l'étrange attachement que lui voue Ruprecht, l'homme qui la découvre dans sa souffrance, l'accompagne de son amour et se laisse bientôt absorber par son délire. Le roman de Brioussov est écrit à la première personne, par Ruprecht lui-même et c'est peut-être l'erreur de Prokofiev d'avoir affadi le personnage - et les ambiguïtés révélatrices de relation avec Renata - au bénéfice de ce qui se transformera en retour au religieux, au sabbat plus ou moins décalé (porté par une musique fabuleuse) et à la "banale" condamnation au bûcher.

La voie poétique

Richard Jones, qui signe la mise en scène, construit sa vision sur la ligne de crête séparant la folie (Renata) et la compassion (Ruprecht) : aidé par un superbe visuel signé John Macfarlane, il place l'action dans un univers asilaire et carcéral, dont les murs lépreux servent de support à Renata pour dessiner le portrait de l'absent et tracer les formules magiques dont elle espère le salut; en même temps, la mise en scène entre dans la subjectivité de la jeune femme assaillie par ses démons (d'horribles petites Renata grimaçantes et griffues) ou dialoguant avec l'esprit frappeur, et là, c'est la musique de Prokofiev qui opère sa propre magie, à travers des thèmes lancinants, des passages instrumentaux d'une tension inouïe, des grincements, des silences et des déflagrations, le tout placé sous la direction électrisante de Kazushi Ono (en pleine maîtrise d'une partition qu'il a d'ailleurs créée au Japon, en 1993).

Guidé par la musique, le public suivra donc "L'Ange de feu" dans un monde inspiré par les écoles esthétiques du début du siècle, entre Chirico et le constructivisme soviétique, loin de l'imagerie du XVIe siècle et de l'Inquisition (et même du symbolisme du début du XXe siècle), un monde à la fois dur, désolé et intensément poétique, parfois burlesque, parfois hilarant - les Russes ne peuvent pas s'en empêcher - dans lequel chacun peut établir ses propres connexions.

Distribution prolifique

Une des difficultés rencontrées dans cet opéra - et expliquant peut-être sa rareté à l'affiche - est la surabondance des personnages et la partie écrasante du rôle de Renata, tenu ici par Svetlana Sozdateleva (en alternance avec Elena Popovskaya) avec une énergie qui se ferait oublier tant la soprano évolue avec aisance dans la partition, se joue des fortissimos et, à défaut d'un charisme bouleversant, s'investit avec naturel - et presque naïveté - dans le personnage. Le rôle de Ruprecht, un rôle "en creux" quoique déterminant et presque aussi lourd que celui de Renata, est tenu par le baryton Igor Tarasov (en alternance avec l'Islandais Tomas Tomasson), voix noble, belle allure, séduction, autorité, on regrette d'autant plus que le livret de Prokofiev n'a pas repris les débuts heureux de sa liaison avec Renata. Elena Manistina, voix de mezzo immense et chaude, chante le rôle de la voyante, Beata Morawska - mezzo polonaise déjà bien connue du public bruxellois - chante l'aubergiste, le ténor Leonid Bomstein campe un Méphistophélès truculent et cruel, Vitali Taraschenko, ténor, claironne avec arrogance les tirades d'Agrippa von Nettesheim, la jeune basse croate Ante Jerkunica fait figure de révélation dans le rôle de Faustus et Vladimir Samsonov, baryton issu de Saint-Pétersbourg et du Mariinski, chante avec brio l'Inquisiteur, un rôle court mais très sollicité. Avec encore Lorenzo Carola, Zeno Popescu Andrei Baturkin, Nabil Suliman (notamment) et un imposant choeur féminin pour la dernière scène, au couvent, avec l'hystérie à son comble.

Comme on lit, une distribution majoritairement russe ou venant de l'est de l'Europe, associée à de jeunes chanteurs belges, une distribution dont on soulignera la performance tant vocale que scénique et la cohésion.

La palme ira toutefois à l'orchestre et à son chef - ovationné le soir de la première - pour sa transparence, sa lumière, sa puissance, son mystère. La musique de cet Ange est un miracle.

Avec encore un coup de coeur pour le programme accompagnant la production, inattendu et particulièrement réussi (à découvrir à la librairie de la Monnaie).

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Die Bestie Wahrheit
Richard Jones inszeniert Prokofjews selten gespielten "Feurigen Engel" in Brüssel
VON JOACHIM LANGE

Vom gleichen Todestag auf eine Seelenverwandtschaft zu schließen, das hieße denn doch die historische Pointe überstrapazieren. Und wenn, dann war diese Verwandtschaft eine eher gefährliche - für den Komponisten, versteht sich. Am 5. März 1953 starb nämlich nicht nur Josef Stalin. Zu diesem Paukenschlag der Weltgeschichte gab es auch noch einen kleinen Trommelwirbel, denn auch der Komponist Sergej Prokofjew starb an diesem Tage. Er hat den Diktator damit zwar nicht überlebt, aber ist wenigstens nicht durch ihn gestorben.

Als der nach der Oktoberrevolution ins westliche Fast-Exil ausgewichene Komponist Anfang der dreißiger Jahre in Stalins Reich zurückkehrte, da hatte er seinen expressiven Feurigen Engel, nach dem Roman des russischen Symbolisten Valerij Brjussow, sozusagen im Gepäck. Richtig auspacken konnte er das in Frankreich begonnene und in Bayern Mitte der zwanziger Jahre zu Ende komponierte Werk allerdings nicht. Szenisch uraufgeführt wurde es erst 1955, zwei Jahre nach dem Tod des Komponisten, von Giorgio Strehler in Venedig. Selbst der kritische Umgang mit dem Irrationalen war den Mächtigen offenbar suspekt, auf eine Moskauer Bühne hat er es bis heute nicht geschafft. Stalinistische Verklemmtheiten wirken offenbar nachhaltig.

Eigentlich ist es schwer nachzuvollziehen, ja geradezu ungerecht, dass Der feurige Engel auch auf westlichen Bühnen nur selten zu finden ist, wo doch Janáceks Opern längst zu den gesetzten Größen zählen. Da behält eine Erfolgsproduktion, wie die 1969 von Christoph von Dohnányi dirigierte, Wirkung. Die damalige Renata, Anja Silja, verkörperte diese Rolle auch noch 1995 in der Wiener Produktion von Christine Mielitz.

Ein Repertoirestück wie seine Liebe zu den Orangen ist der Feurige Engel bis heute nicht geworden. So darf sich der von der Brüssler Oper La Monnaie nach Aix-en-Provence wechselnde Intendant Bernard Foccroulle die Produktion also fast schon als eine Ausgrabung anrechnen, zumindest aber als ambitionierten Einsatz für ein stiefmütterlich behandeltes Werk.

Wie bei dem britischen Regisseur Richard Jones zu erwarten, gibt es natürlich keine Geschichte aus dem Mittelalter über die Liebe eines Mannes zu einer besessenen Frau und deren Ende im Feuer der Inquisition, sondern ein psychologisch, aber auch gesellschaftlich aufgeladenes Drama der Moderne. Da die Titelfigur nur in ihren Erzählungen vorkommt, ist Renata die eigentliche Heldin. Sie ist eine ganz operntypische Melange aus Heiliger und Hure. Von einem Engel erleuchtet, großgezogen und geliebt.

Selbst das Klosterleben wird elementar erschüttert

Als sie ihn körperlich begehrt, da wird dessen (von ihr so gesehener) menschlicher Wiedergänger Graf Heinrich für ein glückliches Jahr ihr Mann. Doch dann wird sie auf der Suche nach dem plötzlich Verschwundenen von Dämonen verfolgt. Hier sind es personifizierte Alter Egos der Bedrängten mit Masken und dem gleichen Kleid wie die Getriebene. Sie bringt den ihr verfallenen Ruprecht bei ihrer Jagd nach ihrem Heinrich bis an die Grenze der Selbstzerstörung. Schließlich flieht Renata ins Kloster, erschüttert aber auch dessen Ruhe elementar. Wenn sie am Ende einer aufwühlend orgiastischen (allerdings inszenatorisch unter Wert verkauften) Massenszene auf Geheiß des Inquisitors verbrannt wird, kann Ruprecht nur noch hilflos zuschauen.

Das tragisch Obsessive dieses exemplarisch überhöhten Frauenschicksals wird dabei durch den abstrakt kalten und wandlungsfähigen Bühnenraum von John Macfarlane auch in eine gesellschaftliche Dimension projiziert. Es sind karge Wände, die wie unter Zwang von Renata bekritzelt werden. Sie beengen, geben aber auch Blicke auf eine Stadtlandschaft frei, die auf die Monstrositäten des 20. Jahrhunderts mit ihren orwellschen Visionen und praktischen Totalitarismuserfahrungen verweisen. Jones erzählt die Geschichte in beklemmenden, stets als solche erkennbaren Theaterbildern, ohne dabei von der szenischen Eindringlichkeit ins politisch Plakative oder übertrieben Psychologisierende abzukippen.

In den gewaltig aufleuchtenden und emotional eskalierenden symphonischen Verwandlungsmusiken wird das an der Rampe züngelnde Höllenfeuer mit karrenweise herbeigeschafften Büchern genährt. Und der von der Inquisition verfolgte Magier Agrippa von Nettesheim, bei dem Ruprecht Rat sucht, kann die Dämonen der Wahrheit kaum bändigen. Dieses pasolinische Bild mit den an der Kette zerrenden Bestien ist eindringlich und verleiht dem sich symphonisch aufbäumenden Zwischenspiel enorme Schubkraft. Teuflisch auch das episodische Auftauchen des gelangweilten Doktor Faust und seines hier Kinder fressenden Kumpanen Mephisto.

Mit Igor Tarasov als Ruprecht und Svetlana Sozdateleva als Renata profitieren nicht nur die beiden Hauptpartien vom muttersprachlichen Idiom ihrer Protagonisten. Das half über eine erkennbare Ferne zu den gestalterischen Möglichkeiten des mitteleuropäischen Regietheaters hinweg. Vitali Taraschenko vermag bei seinem episodischen Auftritt als Agrippa ebenso zu beeindrucken wie Ante Jerkunica als Faust, Leonid Bomstein als fieser Mephisto und Vladimir Samsonov als unnachgiebiger Inquisitor.

Der Brüssler GMD Kazushi Ono und sein Orchester bestechen nicht nur mit ihrer klar strukturierten Dramatik, sondern mit dem großen symphonischen Bogen ebenso wie mit dem spannungsgeladenen Parlando, das stets einen emotionalen Hochdruck zu bewältigen hat. Alles eskalierend im orgiastischen Finale der Klosterszene, die sich so vor allem musikalisch als letzter Eindruck einbrennt. Jubel in Brüssel.

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Это что - Манифест К. М. и Ф. Э?

Между прочим, я никого не обязывал читать эти иноязычные статьи - это во-первых.
Состряпать за 10-20 минут хотя бы мало-мальски приличный перевод этих опусов нереально, нереально и за час и за два - это во-вторых.
В третьих, больше половины рецензий из тех, что я обнаружил, уже недоступна, так как многие газеты архивные материалы в интернете дают читать только абоннентам или за плату, из-за чего я не смог представить материалы ни на каком друго языке (в том числе, на фламандском, который я сам понимаю лишь в письменном виде и то лишь с серединки на половинку).
В четвёртых, сам поиск этих материалов у меня занял тоже немало времени и я их сам читал только по диагонали (чтобы выяснить, рецензия это или анонс или что-нибудь ещё), так что прошу не обижаться на меня за то, что я предоставляю хоть какие-то материалы, которые люди, не владеющие иностранными могут быть не в состоянии даже найти.  Если очень хочется, их можно задать в любую программу перевода (хотя бы ПРОМТ) и получить хоть какое-то представление о содержании.

И ещё в-пятых для Винни: эту муру или немуру писал не я, так что претензии по поводу качества предъявляй по адресу. А как председатель клуба я вынужден попросить администрацию форума стереть три последних сообщения Винни Пуха в этом клубе как злостный флейм.

Отредактировано Огненный ангел (2007-01-26 04:26:01)

Уважаемая Провинциал, недоразумения выяснены, "воюющие стороны" помирились. 001

L’ange vous met le feu

Bruxelles
La Monnaie
01/25/2007 -  25, 26, 28*, 30 janvier et 2, 4, 8, 10 février 2007
Serge Prokofiev : L’Ange de feu, opus 37
Igor Tarasov / Tómas Tómasson* (Ruprecht), Svetlana Sozdateleva / Elena Popovskaya* (Renata), Elena Manistina (La voyante), Beata Morawska (La patronne de l’auberge), Leonid Bomstein (Méphistophélès), Vitali Taraschenko (Agrippa von Nettesheim), Ante Jerkunica (Johann Faust), Vladimir Samsonov (L’inquisiteur), Maria Gortsevskaya (La mère supérieure), Lorenzo Caròla (Jacob Glock), Zeno Popescu (Le médecin), Andrej Baturkin (Mathias Wissmann), Nabil Suliman (Le cabaretier)
Orchestre symphonique et Chœurs de la Monnaie, Piers Maxim (chef des chœurs), Kazushi Ono (direction musicale)
Richard Jones (mise en scène), John Macfarlane (décors), Nicky Gillibrand (costumes), Mimi Jordan Sherin (éclairages), Linda Dobell (chorégraphie)

Si L’Ange de feu est si rare sur scène, c’est peut-être principalement à cause de la difficulté de distribuer le rôle féminin principal. Mais en invitant pour la première fois Elena Popovskaya pour endosser le personnage de Renata (en alternance avec Svetlana Sozdateleva), la Monnaie met à son actif un des grands atouts de sa nouvelle production. La soprano russe réussit magistralement l’incarnation de cette jeune fille schizophrénique et obsédée. Certes, la voix répond aux exigences du rôle mais surtout, physiquement et théâtralement, Elena Popovskaya est d’une rare crédibilité. On n’oubliera pas de sitôt les scènes intenses, magnifiées, qui plus est, par l’extraordinaire partition de Prokofiev, dans lesquelles Renata dessine, sur des immenses murs gris, ses visions, et en particulier le visage de Madiel, son "ange de feu" qui l’obsède, et qu’elle reconnaît dans celui du Comte Heinrich.

Dans des décors grisâtres, assez laids et sinistres mais en définitive assez convaincants, Richard Jones accentue la solitude de Renata qui intrigue et fascine Ruprecht, interprété avec conviction par Tómas Tómasson. Le metteur en scène anglais ne manque pas d’idées pour faire évoluer les deux principaux protagonistes dans une scénographie angoissante qui extrait cet opéra de son contexte moyenâgeux pour le replacer dans un espace contemporain, bien qu’indéterminé.

Néanmoins, l’Inquisition est ici pleinement mise en évidence, à commencer dans le cinquième acte, illustrant un cas étrange de possession. Alors qu’il aurait pu dénuder les nonnes, à l’instar de David Freeman dans sa production pétersbourgeoise immortalisée au disque et en DVD, Richard Jones n’offre rien d’émoustillant ou, c’est selon, de scandaleux à voir mais il réussit à rendre l’impact saisissant de cette scène inouïe. L’Inquisition est également illustrée dans des interludes durant lesquels, référence aux régimes totalitaires (mais sans les costumes de SS, vus mille fois), des livres mis à l’index sont mis au feu. Le feu, qui revient très souvent, tel un leitmotiv, dans cette puissante production, de même que, apparaissant de temps à autres sur les murs, des yeux observant, inquisiteurs, les personnages. Avec cet opéra extrêmement fragmenté et agité, Richard Jones signe un spectacle démoniaque, parfois échevelé, mais d’une grande force de persuasion.

Accompagnant une troupe de chanteurs sans maillon faible, majoritairement russophone dans les rôles principaux, Kazushi Ono restitue avec une grande précision rythmique, une indéniable clarté et un immense savoir-faire théâtral, la dense partition orchestrale de cette œuvre tumultueuse et paroxystique. Le propre des grands chefs de fosse, en somme…

Sébastien Foucart

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